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2009 – Bruxelles

Cité se dévoilant à qui prend le temps de la comprendre, Bruxelles a vu les alumni de l’IDHEAP se retrouver les 17, 18 et 19 septembre 2009 au cours d’un voyage d’études aux couleurs des questions identitaires. Qu’il s’agisse du volet régional, national ou européen, l’occasion pour eux – après Berlin en 2007 et Rome en 2008 – de découvrir une réalité politico-administrative nuancée, où le pragmatisme n’est pas la moins utile des approches.

Etre belge, toute une histoire...

En septembre 2009, quarante alumni de l’IDHEAP se sont rendus à Bruxelles, destination d’un voyage riche en découvertes. Le périple a débuté sous un soleil d’été indien qui a vu les participants (re)faire connaissance avec la capitale belge au cours d’une visite historique les emmenant de la Colonne du Congrès à La Monnaie, en passant par le Palais royal et le Parlement fédéral. Une ballade pour évoquer l’émergence d’une identité nationale au fil des périodes – espagnole, autrichienne, française et hollandaise – jusqu’à la Révolution belge de laquelle est née la monarchie parlementaire actuelle.

Une identité européenne à construire

Bruxelles ne serait pas ce qu’elle est sans la présence européenne. Les alumni de l’IDHEAP ont ainsi découvert quelques facettes de la réalité abritée par les imposants bâtiments de l’UE au travers des propos de Dirk Fassbender. Les entretenant sur la politique de communication de la Commission européenne, ce haut fonctionnaire de la Direction générale Communication a décrit le rôle du plan D – démocratie, débat, dialogue – dans la stratégie visant à créer une identité et une citoyenneté européennes. Cette volonté d’instaurer un lien plus direct entre institutions et ressortissants intervient à une période charnière, alors que la ratification du traité de Lisbonne doit encore passer au travers du referendum irlandais. Des actions, telles que la publication sur son blog du récit de voyage en Irlande de la Commissaire Margaret Wallström, contribuent à former citoyenneté européenne encore quasi inexistante.

Suisse – Europe, une relation asymétrique

Représentant de la Direction générale Relations extérieures de la Commission européennes, Ulrich Trautmann a évoqué la relation entre l’UE et la Suisse. Il a rappelé son ancienneté – elle est même antérieure au Traité de Rome – et souligné l’asymétrie qui la caractérise. La Suisse voit en effet 70% de son PIB lié à son commerce avec l’UE et ne représente elle-même que 6% du PIB européen. De plus, alors qu’elle bénéficiait de l’appui de autres états de l’AELE, la Suisse négocie aujourd’hui seule avec 30 pays (l’EEE inclue). Enfin, si les questions ayant trait à l’Europe sont abondamment relayées dans les médias helvétiques, la Suisse n’apparaît que comme un partenaire parmi d’autres dans l’espace public européen.

Au nombre de 150, les accords liant l’Europe et la Confédération – parmi lesquels figurent ceux que la Suisse qualifie de « bilatéraux » mais qui s’inscrivent selon Ulrich Trautmann dans une politique sectorielle courante – forment un réseau d’une grande complexité juridique et politique. Remettant à son auditoire une copie de la lettre de 1992 par laquelle les autorités helvétiques ont adressé à l’UE une demande d’adhésion aujourd’hui de facto « gelée », le haut fonctionnaire européen a conclu en rappelant que « la Suisse peut adhérer à l’UE » et qu’elle y serait la bienvenue.

Le point de vue helvétique

Accueillis à la Mission suisse auprès de l’UE, les alumni de l’IDHEAP ont aussi eu l’occasion d’entendre le point de vue helvétique. L’Ambassadeur Jacques de Watteville a évoqué à son tour l’important travail préparatoire et la complexité des négociations avec l’Europe, confirmant par ailleurs la réduction de la marge de manoeuvre en la matière. Le diplomate a par ailleurs fortement nuancé le propos entendu plus tôt quant à l’absence d’une spécificité de la Suisse en tant que partenaire de l’UE. Il a enfin cité en exemple certains dossiers dans lesquels le fait de ne pas être membre de l’Europe a offert à notre pays un indéniable avantage tant sur le plan des négociations que des résultats.

Un enchevêtrement de compétences

Les pourparlers internationaux ont fait place à des tractations plus locales lorsque le conseiller diplomatique du Bourgmestre de Bruxelles a emmené les alumni de l’IDHEAP au coeur de la gestion quotidienne d’une commune indissociable de son contexte. Evoquant la superposition des institutions, Jean-Paul Buffat a démontré le rôle central joué par le Bourgmestre dans l’interconnexion national-régional-local. La fusion des polices communale et régionale, placées sous ses seuls ordres à l’occasion d’un récent rassemblement interministériel, constitue à cet égard un exemple parlant. Surtout si l’on sait que le territoire de la ville de Bruxelles accueille chaque année plus de 1000 événements culturels et plus de 500 manifestations de la société civile. Soulignant la concentration des intérêts en région bruxelloise – 19 communes sur 162 Km2 – et le poids de la ville de Bruxelles, Jean-Paul Buffat a expliqué un enchevêtrement des compétences politiques et administratives tel que même les Bruxellois peinent à s’y retrouver. Et de glisser, un brin provocateur : « La théorie du fonctionnement institutionnel s’avérant souvent invérifiable, seule la pratique compte ».

Identité et place de la région bruxelloise

De (dis)fonctionnement des institutions, il en a également été question avec les propos de Dimitri Yernault et Alain Maskens. Spécialiste de droit institutionnel bruxellois à l’Université

Libre de Bruxelles et Secrétaire politique d’un groupe parlementaire au Parlement bruxellois, le premier a expliqué la place de la région Bruxelles-Capitale dans l’édifice national belge. Citoyen engagé, le second est revenu sur l’évolution de l’identité bruxelloise, sous l’impulsion des mouvements flamands et francophones, dans la construction d’un état multilingue et fédéral à la structure complexe.

Alain Maskens a ainsi dénoncé la scission des partis traditionnels selon le critère linguistique déniant aux habitants d’une région pourtant bilingue d’être représentés en dehors de tout séparatisme linguistique. Il s’agit selon lui de contrer le fédéralisme « dissociatif » actuel par un mouvement citoyen revendiquant une plus grande simplicité des structures institutionnelles. Quoique d’accord avec cette analyse, Dimitri Yernault a exprimé ses doutes sur la concrétisation d’un changement et, approuvé par Alain Maskens, a conclu en soulignant que les dissensions entre communautés existent davantage dans les milieux politicomédiatiques qu’aux yeux des citoyens.

Entre diversité et complexité

De la création d’une identité citoyenne européenne à l’exacerbation des identités belges, ce voyage d’études aura permis aux alumni de l’IDHEAP de découvrir une Belgique tour de Babel et une Bruxelles aussi attachante que plurielle.

Programme

Les défis d'une capitale multiculturelle et multilingue au cœur de l'Europe

Bruxelles, l’Européenne
Où la construction européenne en est-elle, à quels défis est-elle aujourd’hui confrontée ? Quelles relations l’Europe entretient-elle avec la Suisse ? Quel est le rôle de la Mission suisse auprès de l’Union européenne et comme la Suisse est-elle perçue à Bruxelles ?

La Belgique, entre fédéralisme et enjeux institutionnels
Comment le fédéralisme belge fonctionne-t-il ? Quels en sont les enjeux actuels ? Pourquoi ce pays multiculturel connaît-il une crise gouvernemental majeure ? Pourquoi, au contraire de la Suisse, le modèle à la belge semble au bord de l’implosion ? Quels sont les ferments historiques et institutionnels de la situation actuelle et quel destin national les autorités belges sont-elles en train de construire ?

Bruxelles, gouvernance communale et enjeux pour le 21e siècle
Quelles sont les caractéristiques historiques, sociales et territoriales de Bruxelles ?Comment la cité appréhende-t-elle son rôle de capitale, à la fois européenne, nationale et linguistique des deux communautés qui la compose ? A quelles réformes les politiques bruxellois sont-ils actuellement appelés à réfléchir ? Quels sont les enjeux de cette réflexion en termes de compétences et de gouvernance ?

Bruxelles lumière, Bruxelles secrète
On y déguste les chocolats les plus fins et de sublimes bières artisanales; elle est la capitale européenne et celle, mondiale, de la bande dessinée; au-delà de sa Grand-Place et de ses symboles, comment Bruxelles dévoile-t-elle sa magie de cité bruegélienne, fleuron de l’Art nouveau et tour de Babel européenne ?

Intervenant-e-s

Nous avons eu le plaisir de compter parmi les intervenants :

  • Jean-Paul Buffat, Conseiller diplomatique du Bourgmestre de Bruxelles,
  • Dirk Fassbender, Haut fonctionnaire à la Direction générale Communication, Commission européenne,
  • Alain Maskens, Citoyen engagé,
  • Ulrich Trautmann, Représentant de la Direction générale Relations extérieures de la Commission européenne,
  • Jacques de Watteville, Ambassadeur, Mission suisse auprès de l’UE,
  • Dimitri Yernault, Spécialiste de droit institutionnel bruxellois à l’Université Libre de Bruxelles et Secrétaire politique d’un groupe parlementaire au Parlement bruxellois.

 

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